
L’ex-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes résiste aux décisions de la justice administrative, que ce soit sur les frais de bouche et surtout sur les emplois de cabinet en surnombre. Cela pourrait lui causer de sérieux ennuis pour l’avenir de sa carrière politique.
En début d’année 2025, nous rappelions que Raymond Avrillier a demandé au tribunal administratif de Lyon d’annuler pour excès de pouvoir la décision implicite de refus du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes de lui communiquer divers documents relatifs aux « chargés de mission » du conseil régional de 2015 à 2022.
Par un jugement du 21 mai 2024, le tribunal administratif de Lyon a annulé la décision du président du conseil régional d’Auvergne-Rhône Alpes dans la mesure où est exprimé le refus de communiquer les documents administratifs relatifs à dix-huit chargés de mission employés au conseil régional de 2015 à 2022. C’est à dire les contrats et arrêtés de nomination, dont les fiches de postes, les arrêtés ou les contrats de recrutement et de fin de contrat, ainsi que les avenants). Et de plus, il a enjoint au président du conseil régional Rhône-Alpes Auvergne de communiquer lesdits documents. Wauquiez a demandé au Conseil d’Etat d’annuler ce jugement, ce qu’il a refusé. Le jugement du tribunal administratif est donc définitif.
Sous le titre « Wauquiez, le candidat LR qui brûle d’expulser les juges », le Canard Enchainé du 30 avril 2025 rappelle que :
« Le lanceur d’alerte Raymond Avrillier s’empare du dossier de ces vrais-faux employés de cabinet, parallèlement aux investigations du Parquet national financier, qui s’intéresse, lui, plus particulièrement à quatre collaborateurs payés par la région mais employés à Paris (Radio France, 12/1/24). L’empêcheur de gouverner en rond demande à la région de lui transmettre 18 contrats litigieux. Wauquiez, faisant fi des avis favorables de la Commission d’accès aux documents administratifs et d’un jugement du tribunal administratif datant de mai 2024, multiplie les refus.
La région mise sur l’enlisement et se pourvoit en cassation. Pas de bol : en décembre 2024, le Conseil d’Etat rejette son recours. Encore un mauvais coup de ces « cours suprêmes » qui, selon Wauquiez, « ont plus de pouvoir aujourd’hui que des élus choisis par le peuple, alors qu’elles n’ont aucune légitimité démocratique » (« Le Point »). Dans le viseur du candidat – excusez du peu : la Cour de cassation, le Conseil d’Etat, la Cour européenne des droits de l’homme, la Cour de justice de l’UE et le Conseil constitutionnel (« en partie »). Là où Wauquiez passe, l’Etat de droit trépasse ?
Un jour, un festin
Ce feuilleton des emplois de cabinet devrait connaître bientôt un nouveau rebondissement. La région assure au « Canard » qu’elle est sur le point de transmettre les contrats demandés…
Wauquiez refuse systématiquement de se plier à la « dictature administrative » et de faire la lumière sur des décisions concernant sa gestion, qu’il s’agisse de ses fameux « dîners des sommets » − avec des menus à 1 000 euros par tête (addition totale estimée à 178 428 euros par la chambre régionale des comptes) −, de ses « repas d’affaires » avec des journalistes et autres personnalités (coût estimé à 123 168 euros en deux ans) ou pour des sondages commandés sur sa personne (montant total présumé dépassant les 200 000 euros).Quel rebelle, ce candidat ! D’ici à ce qu’il propose de déporter dare-dare les lanceurs d’alerte et autres juges désobligeants à Saint-Pierre-et-Miquelon »
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